Au cours des mois d’août et septembre 2017, vingt femmes entrepreneures du département de la Grand’Anse ont débuté un programme de formation pour la relance et le renforcement de leurs entreprises dans le cadre du projet “Ann Ale” mis en œuvre par le PNUD après le passage du cyclone Mathieu.

Cette formation pilote, entre autres, s’inscrit dans le cadre d’un programme intégral d’accompagnement technique qui bénéficiera à 50 micro-entreprises dans les communes de Jérémie, Dame Marie et Roseaux, doit contribuer à la relance de l’économie du département de la Grand’Anse et s’articule autour de trois grands modules:

  • Comment renforcer la capacité de production et d’accès aux marchés par des pratiques commerciales intelligentes et adaptées,
  • Comment promouvoir l’innovation au sein de l’entreprise pour plus de croissance
  • Renouvellement de l’image graphique et de l’équipement de chaque micro-entreprise ciblée.

Ce programme est mis en œuvre après le passage du cyclone Mathieu qui a causé, selon l’évaluation des besoins (Secteur commerce)des dommages et pertes évalués à près de 15 milliards de gourdes.

La grande majorité des femmes dans le Grand Sud étaient déjà dans une situation précaire avant Mathieu, y compris à cause de leur surreprésentation dans les secteurs économiques informels, invisibles ou à faible salaire et de leur manque de propriété des terres et d’autres biens productifs. Après Mathieu, de nombreuses femmes se sont retrouvées dans une situation encore plus précaire,ayant vu leurs actifs productifs détruits, un accès limité aux revenus ou au crédit, et une charge de travail domestique accrue avec la prise en charge des membres de la famille blessés ou malades.

Selon le PDNA, la stratégie de récupération post-Mathieu devrait être guidée par un certain nombre de principes directeurs pour améliorer la qualité et l’impact de la reprise, en mettant l’accent sur l’égalité et l’inclusion, et en encourageant la réduction des risques et la restauration de l’environnement. Ces principes directeurs comprennent:

  • Prévoir le processus de rétablissement comme un moyen d’accroître l’égalité entre les sexes et d’améliorer la résilience des femmes;
  • Mettre l’accent sur le soutien des groupes les plus défavorisés et les plus touchés, y compris les femmes et les femmes chefs de famille; et
  • Assurer une participation active et égale de tous les segments de la population à tous les aspects du processus de rétablissement afin de promouvoir l’égalité des chances pour l’autonomisation ainsi que l’appropriation locale des activités de récupération.

Cela étant dit, cette initiative cadre avec les recommandations pour le relèvement effectif d’après la catastrophe qui promeuvent des stratégies d’insertion des entreprises informelles avec le soutien des partenaires financiers et techniques nationaux et internationaux. Cela va déboucher sur la création d’emplois additionnels, une augmentation des droits et taxes et du même coȗt, de l’assiette fiscale, tout en élevant le statut des femmes et en favorisant une plus grande égalité des sexes dans le pays.

Les vingt femmes entrepreneures ayant pris part aux premières séances de formation ont exprimé leur satisfaction et ont témoigné que ce programme diffère des autres initiatives dans la mesure où il permet une prise en main à long terme des populations et en particulier des femmes par elles-mêmes.

Cette initiative vient à point nommé pour ces jeunes femmes entrepreneures qui peinaient à relancer leurs entreprises en dépit de leur bonne et ferme volonté. C’est, en effet, ce que témoigne, Tanis Maguy, présidente de l’Association des Femmes pour l’Avancement de Deschamps (ASOFAD) dans la commune de Jérémie et cheffe d’une entreprise de transformation de fruits.

« Avec le passage du cyclone Mathieu, nous avions perdu toutes nos installations. Notre capacité de production s’est arrêtée. Aujourd’hui, nous sommes en train de nourrir l’espoir de recommencer à créer de la richesse à l’aide de ce nouveau programme de formation et d’accompagnement du PNUD ».

Propriétaire d’une entreprise de restauration et mère de deux enfants, Renia Etienne, compte, pour sa part, reprendre sa vie en main, subvenir aux besoins de toute sa famille et surtout répondre aux exigences scolaires de ses enfants pour l’année académique 2017-2018 avec la relance de son business.

A partir de ce programme, le PNUD veut établir des passerelles entre les entreprises gérées par des femmes et les clients de telles sorte que toutes les parties soient gagnantes. Pour les entreprises, ceci suppose, au-delà du profit, obtenir des revenus durables et d’accroître leur autonomie, la mise en place d’innovations, l’ouverture et la construction de marchés et le renforcement des filières ou chaînes de valeur. Pour les clients, l’enjeu est d’augmenter l’accès aux biens et services essentiels à des coȗts abordables. Pour la communauté et le pays dans son ensemble, les femmes peuvent devenir des agents catalytiques de changement dans la quête pour un développement inclusif, juste, équitable et durable.

Dans les mois à venir, la méthodologie « Ann Ale » permettra d’obtenir, dans les communes pilotes ciblées, des résultats appréciables pour le relèvement des activités économiques locales, en particulier pour l’amélioration des conditions économiques des microentreprises touchées, en renforçant les capacités des entrepreneures, en augmentant la compétitivité et en améliorant l’infrastructure commerciale.

Après cette phase pilote, le programme « Ann ale » pourra être répliqué avec des adaptations, dans toutes les autres communes de la Grand ’Anse durement touchées par le cyclone Mathieu et qui peinent encore, après dix mois, à sortir du bourbier. Le PNUD, fort de son expertise dans l’appui des communautés dans leur relèvement après-catastrophe, renforcera ses actions en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, qui est un objectif de développement essentiel en soi (ODD 5) et également une condition préalable à la réalisation de tous les autres objectifs de développement durable.  

La promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes est intrinsèque à l’approche du PNUD. Pour promouvoir un développement inclusif, équitable et durable en Haïti, le PNUD continue de travailler en étroite collaboration avec ses partenaires nationaux pour appuyer les approches qui réduisent et éliminent les obstacles à l’autonomisation économique des femmes.