Dans le contexte troublant du changement climatique et des catastrophes naturelles récurrentes, les femmes et les filles sont souvent décrites comme étant les vulnérables – un terme qui est synonyme de faiblesse et d’impuissance. Il est vrai que les femmes et les filles sont souvent confrontées à des désavantages sociaux, politiques et économiques, en particulier dans les sociétés patriarcales, où leurs capacités et leurs contributions ne sont pas également appréciées que celles des hommes et des garçons. En période de crise, ces désavantages sont souvent amplifiés, augmentant les risques pour les femmes et les filles.

Malgré ces désavantages et ces risques accrus, les femmes font régulièrement preuve d’une résilience et d’une force remarquables en adoptant des rôles de leadership et en assumant des responsabilités courageuses lorsqu’elles sont confrontées à des catastrophes naturelles. L’expérience du PNUD en Haïti a démontré, par exemple, que les femmes jouent un rôle important dans le management en cas de catastrophes, soit dans la transmission des alertes précoces, la mobilisation des communautés à évacuer et la gestion des abris d’urgence. En outre, les femmes sont des participantes et des gestionnaires actives dans le relèvement et la reconstruction de leurs communautés post-catastrophe. Au moins 60% des participants aux activités du PNUD de gestion des débris et de reconstruction des infrastructures communautaires essentielles dans la péninsule du sud après le passage de l’ouragan Matthew l’année dernière étaient des femmes. Ainsi, malgré les vulnérabilités découlant de leurs désavantages, les femmes et les filles ont aussi des connaissances et des capacités critiques qui doivent être mises à profit dans les efforts de prévention et de réponse.

Ilmène Saintilus, cheffe brigadière en protection civile de la ville de Cap-Haïtien, est un exemple d’une leader haïtienne qui brise les barrières et mène le changement dans sa communauté. Ilmène, qui est l’une des treize femmes de la brigade de cinquante, a pris un engagement extraordinaire pour réduire le risque aux membres de sa communauté en cas de catastrophe : « J’ai toujours été motivée pour aider les autres; je pense que j’ai cette motivation dans mon sang », dit Ilmène, « je suis fière en tant que femme de servir les gens. »

En effet, au cours des treize dernières années, Ilmène a servi en tant que brigadière bénévole de la protection civile, ce qui l’a menée dans son rôle actuel de leadership : « J’ai été sélectionnée en tant que cheffe en raison de ma performance, de mes connaissances et de mon dévouement à la cause des personnes à risque », raconte-t-elle. Ilmène admet qu’il n’a pas toujours été facile d’être acceptée dans un rôle de leadership, en particulier par ses pairs masculins. « Tout ce qu’un homme peut accomplir, une femme peut le faire aussi », affirme-t-elle, « (En tant que femmes), nous disons haut et fort que nous sommes à la hauteur de la tâche. Nos résultats parlent d’eux mêmes. Nous avons reçu la même formation que les hommes, nous sommes donc en mesure de répondre aux exigences des patrouilles. Nous risquons nos vies comme les hommes pour aider les gens qui ont besoin de nous. »

Lorsqu’on lui a demandé si elle voulait encourager d’autre femmes à assumer le rôle de brigadière volontaire, sa réponse a été claire : « J’encourage tous les jeunes d’Haïti à devenir des brigadiers de la protection civile, considérant que c’est un engagement noble au bénéfice de la population. Nous sommes également convaincus qu’il est nécessaire d’accroître la participation des femmes en tant que volontaires de brigade ; avec leur engagement, nous serons en mesure de sauver la ville de Cap-Haïtien et le pays lui-même. »

Bien que les brigadiers volontaires ne soient pas payés, Ilmène suggère qu’il existe d’autres moyens de soutenir leurs efforts. Par exemple, en offrant des formations spécialisées, des bourses d’études à des bénévoles pour renforcer leurs connaissances, ou en s’assurant que les bénévoles sont couverts par une assurance maladie en échange de leur engagement.

Malgré le risque et l’engagement qu’elle a pris, Ilmène trouve un sentiment de fierté et d’accomplissement dans son rôle :  Après une journée de travail en tant que brigadière, dit-elle, « Ma plus grande satisfaction est la vie que nous avons réussis à sauver et les personnes que nous avons réussis à aider. C’est ce qui compte pour moi. »

Haïti a tout à gagner à miser sur l’engagement des femmes dans tous les domaines en particulier dans le domaine de la protection civile. Elles représentent plus de la moitié de la population et ont un grand sens de l’humanité nécessaire dans toutes actions visant le renforcement de la résilience des peuples.